Ils voient des fantômes : info ou intox ?

La science et le paranormal font rarement bon ménage, la première s’efforçant d’expliquer rationnellement le second. Dernière cible en date, les maisons hantées : si vous apercevez le fantôme de votre arrière-grand-mère, ne vous emballez pas, il pourrait bien y avoir une explication qui n’aurait rien à voir avec la vie après la mort, si l’on en croit un groupe de scientifiques américains.

Les fantômes ne seraient-ils qu’une hallucination due à des moisissures toxiques présentes dans l’air renfermé de certains vieux bâtiments ? C’est en tout cas la théorie sur laquelle travaillent des chercheurs et étudiants de l’université Clarkson, dans l’état de New-York.

Le fantôme de Madame America

Début mars, une partie de l’équipe s’est rendue au musée Frederic Remington d’Ogdensburg, à une soixantaine de kilomètres de là. Cet établissement, consacré à un peintre qui s’est illustré par ses représentations de l’ouest américain, est également connu pour ses phénomènes de hantise. On dit en effet que l’on entendrait parfois une voix féminine désincarnée dans les niveaux supérieurs du musée.

La voix en question appartiendrait à une descendante d’Amerigo Vespucchi, l’explorateur qui a donné son nom à l’Amérique. Cette dame, qui se faisait appeler « madame America« , aurait eu une jeunesse aventureuse en Europe avant de rejoindre les Etats-Unis. Elle aurait vécu pendant 18 ans dans la maison d’Ogdensburg qui est aujourd’hui devenue un musée. Renvoyée par son amant et propriétaire de la maison, George Parish, elle serait morte en France, au milieu du XIXe siècle. Malgré ce dernier « détail », c’est ce manoir américain que son fantôme hanterait toujours.

Le musée était donc un lieu idéal pour des investigations sur le paranormal, et le groupe universitaire a passé une matinée à analyser les lieux. Ils y ont effectué des prélèvements d’air, récoltant de nombreux échantillons à étudier, comme le rapporte le quotidien local « The Journal ».

Cette collecte va se poursuivre jusqu’à cet été, dans plusieurs autres lieux réputés hantés de la région frontalière entre les USA et le Canada.

Ergot du seigle et maladie biblique

Pour Shane Rogers, professeur associé en génie civil et écologique à l’université Clarkson, qui dirige l’équipe de recherches, le lien entre l’exposition à des moisissures toxiques et leurs effets psychologiques n’est pas encore bien établi, mais de nombreux phénomènes de hantise sont associés avec des bâtiments propices au développement de ces champignons microscopiques et à d’autres problèmes de qualité de l’air.

De plus, il explique que dans de nombreux cas, le ressenti des témoins d’apparitions de fantômes est similaire à certains symptômes psychologiques ou neurologiques (dépression, anxiété…) rencontrés chez des personnes exposées à des moisissures toxiques.

L’ergot du seigle, par exemple, est un champignon qui contient de l’acide lysergique, dont provient le fameux LSD. Ses effets étaient d’ailleurs connus au moyen-âge sous le nom de « mal des ardents« , alors associé… à la sorcellerie ! S’il parasite essentiellement les céréales, l’ergot du seigle peut aussi se rencontrer dans des lieux sombres et humides.

Un autre champignon toxique a déjà été montré du doigt, y compris par les sites spécialisés dans le paranormal : stachybotrys chartarum, connu en anglais sous le nom commun de « black mold » (moisissure noire). Un animateur de radio localement célèbre, Rob McConnell, avait publié un article (non scientifique) faisant le lien entre hantises et cette forme de moisissure, en février 2010. Selon Wikipedia, ce champignon serait responsable du syndrome des bâtiments malsains, et serait même candidat pour une maladie citée dans la Bible, la Tzaraat, qui affectait aussi bien les personnes que leurs vêtements ou… leurs murs !

Un lien à creuser

Malgré cela, le lien entre moisissures et santé restait jusqu’ici difficile à établir… et encore davantage à relier au paranormal, et c’est tout l’intérêt de cette étude en cours. L’équipe de Shane Rogers recherche donc la présence de moisissures toxiques susceptibles d’affecter les humains et provoquer des effets que l’on associe généralement aux lieux « habités » par des fantômes.

« Nous cherchons à déterminer si des rapports de hantises peuvent être liés à des polluants spécifiques trouvés dans l’air à l’intérieur » des bâtiments concernés, précise l’universitaire. Son but n’est pas d’essayer de tordre le cou à des légendes, mais bien de tenter d’expliquer pourquoi certains lieux sont considérés comme hantés. « J’espère que nous pourrons fournir de véritables indices sur ce qui peut provoquer certains de ces phénomènes, et peut-être en même temps aider des gens ». On saura donc bientôt s’il y a un lien entre fantômes et odeurs de moisi…

Source : https://tempsreel.nouvelobs.com/

Author: admin

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