Amityville a 40 ans : retour sur un fait divers à l’origine d’un succès hollywoodien

Théâtre d’une affaire macabre et de phénomènes supposés paranormaux, la maison d’Amityville est devenue un personnage à part entière dans l’histoire du cinéma. Le film de Stuart Rosenberg, le premier d’une longue franchise, fête ses 40 ans.

13 novembre 1974. 3h15 du matin. Des coups de feu retentissent dans la rue d’Ocean Avenue, à Amityville, une bourgade sur l’île de Long Island, aux États-Unis. Au numéro 112, un massacre vient de se produire : Ronald Defeo Jr., 23 ans, tire sur les six membres de sa famille durant leur sommeil. Les corps ne seront découverts que le lendemain, dans la soirée, lorsque le jeune homme entre dans un bar pour prévenir les habitants. D’abord considéré comme une victime, puis comme un suspect par les autorités, le criminel finit par avouer ses atrocités. Durant ses nombreux interrogatoires, il n’hésite pas à changer plusieurs fois sa version des faits. Le coupable explique d’abord avoir entendu des voix lui ordonner de commettre ces crimes, avant d’accuser sa sœur cadette, Dawn, âgée de 18 ans, de l’avoir entraîné dans sa rage meurtrière. Son avocat plaide la folie, mais la justice tranche, le 21 novembre 1975, et le condamne à six peines d’emprisonnement, d’une durée de 25 ans à la perpétuité.

Quelques jours plus tard, le 18 décembre 1975 plus exactement, George et Kathleen Lutz emménagent dans la maison, achetée pour la somme de 80 000 dollars. Un prix très attractif pour ce couple de jeunes mariés, désireux de commencer un nouveau chapitre avec leurs trois enfants, nés d’un précédent mariage. Il suffit pourtant d’une petite semaine pour que des phénomènes inexpliqués viennent perturber le quotidien de la famille sans histoire. Le père se réveille toutes les nuits à 3h15 et entend des voix, l’épouse sent des mains la toucher, des centaines de mouches envahissent la demeure, de la boue verte coule des murs, et même la petite dernière, Missy Lutz, 5 ans, prétend avoir une amie imaginaire, nommée Jodie, qui prend plusieurs formes. Vingt-huit jours après leur emménagement, les nouveaux habitants fuient les lieux sans jamais se retourner.

Photo: Richard Drew (AP)

Phénomène culturel

Ce qui ne devait rester qu’une drôle d’histoire, plus ou moins prouvée, devient le sujet d’un livre écrit par le scénariste et journaliste Jay Anson, publié en septembre 1977. Intitulé The Amityville Horror : The True Story (L’horreur d’Amityville : l’histoire vraie en français, NDLR), le roman devient rapidement un best-seller. Dans une interview accordée au New York Times le 9 octobre 1977, l’auteur explique : « J’ai traité cette histoire d’un point de vue journalistique pour que vous puissiez, à la fin, y croire ou non. Ce sont des faits. (…) C’est à vous de faire votre propre opinion en tant que lecteur. » Dès lors, la légende de « la maison d’Amityville » est née et devient la caution « spectacle » d’un pays qui tente de se reconstruire, deux ans après la fin de la guerre du Vietnam.

L’année suivante, le producteur Samuel Z. Arkoff achète les droits du livre pour en faire un film, The Amityville Horror, originellement prévu pour la télévision sur la chaîne CBS. Le long-métrage sort finalement sur grand écran en 1979 en Amérique et le 14 février 1980 en France. C’était il y a quarante ans. Réalisée par Stuart Rosenberg, l’œuvre prend de nombreuses libertés avec la réalité pour offrir un divertissement digne de ce nom aux spectateurs. La maison aux murs noirs devient toute blanche et isolée des autres habitations, la boue verte se transforme en coulées de sang, une simple invasion se finit en attaque de mouches… La sortie du film ne passe pas inaperçue et le battage publicitaire occupe tous les médias. Invités sur l’émission « Good Morning America » le 26 juillet 1979, la veille de la première américaine, George et Kathleen Lutz font face à un présentateur sceptique, au ton plutôt moqueur. Ce dernier se tourne vers l’acteur James Brolin, star de l’adaptation et également présent sur le plateau, pour savoir s’il croit au témoignage du couple. « Je ne peux pas dire que je croyais à ce que je lisais dans le livre, mais face à eux, c’est difficile de nier tous les faits« , explique le comédien qui incarne le rôle du père au cinéma. Des années plus tard, James Brolin et l’actrice Margot Kidder admettront que, malgré leur affection pour la famille, ils ne croyaient pas un mot de cette histoire.

Source : allocine.fr

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